Pour cette 2ème et dernière visite de distillerie de rhum de mon récent séjour en Guadeloupe, j’ai eu envie d’en savoir plus sur MONTEBELLO.
Découvert grâce à mon ami du 78 lors de nos nombreuses dégustations il y a quelques années, j’ai découvert cette marque grâce au millésime 1984 que l’on trouvait alors assez facilement.
J’ai depuis suivi leur travail jusqu’à leurs dernières cuvées qui ont attirées encore d’avantage mon attention : brut de colonne, série limitée, rhum blanc premium...
Grâce à de nombreux splits sur les différents groupes Facebook dédiés, j’ai réussi à déguster ces rhums et je dois dire qu’ils m’ont vraiment convaincus et parfois même surpris.
Il me fallait donc aller à la rencontre des hommes et des femmes responsables de ces belles réussites.
Grâce à mon ami Anthony Martins de Old Brothers (embouteilleur indépendant français de grande qualité), un rendez vous fut fixé avec Francis Lefaux, homme aux multiples casquettes au centre du développement de la marque depuis de nombreuses années déjà.
En arrivant, je rencontrai Édouard (membre de l’équipe, ainsi que du groupe « The Bolokos » qui a donné le nom à la cuvée) qui travaille chez Montebello et qui me proposa de me faire visiter la distillerie en attendant Francis.
La famille Marsolle arrive en Guadeloupe à la fin XIXème siècle et sont distillateurs depuis 4 générations, mais que secondairement sur le site de la distillerie actuelle.
C’est en 1930 qu’est créée la distillerie Carrere, du nom du hameau auquel elle appartient.
Jean Marsolle et son fils Alain rachètent cette distillerie en 1966 et créent la marque Montebello en 1975.
Ce sont les fils d’Alain, Grégory et Dominique, qui sont depuis 2012 à la tête de l’entreprise familiale.
Bien que l’apport extérieur de cannes à sucre soit majoritaire, le domaine dispose de 25 hectares de champs de cannes.
Les 5-6 variétés utilisées sont coupées à la main dans leur immense majorité lors de la récolte qui s’entend habituellement de Janvier à mi-Juillet environ.
Après avoir été pesée, la canne est défibrée, puis broyée, avant d’être pressée à l’aide de 2 moulins.
La bagasse (résidu de cannes) est ensuite utilisée comme combustible afin de faire fonctionner la chaudière qui date de 1880.
Le vesou (pur jus de canne) va ensuite fermenter dans 7 cuves fonctionnant par 2 (6 en même temps au maximum) et disposant de serpentins de refroidissement afin de maîtriser la température de fermentation.
Celle-ci dure entre 48h à 92h selon les cuvées et à lieu grâce à des levures indigènes (fermentation spontanée) en utilisant la technique de « pied de cuves ».
Le vin de canne titrant entre 6 et 8% va ensuite être distillé grâce à 3 colonnes : 1 en inox et 1 colonne créole pour la distillation à proprement parler, ainsi qu’1 en cuivre pour la correction.
Leurs réglages se font manuellement.
Le rhum coule entre 75% et 85% à la sortie de la colonne.
La vinasse (résidu de la distillation) est mélangée avec le trop plein de bagasse pour créer du composte et du fumier.
Le rhum blanc est ensuite stocké et laissé au repos durant 8 à 10 mois dans de vieilles cuves dont l’intérieur a été refait en inox.
La réduction se fait grâce à de l’eau d’une source proche de la distillerie.
Le domaine possède 2 chais de vieillissement, ainsi que des fûts contenus dans des conteneurs.
Les fûts qui y sont contenus ont une part des anges s’élevant jusqu’à 15% !
Le bois travaille d’avantage du fait de la chaleur ambiante, ce qui crée un ressenti de vieillissement plus important que l’âge réel du rhum.
Les « jeunes » rhums vieux de la gamme vieillissent intégralement dans ces conteneurs.
Le domaine peut se vanter de posséder le plus grand stock de rhums vieux de toute la Guadeloupe avec environ 2000 fûts de chêne, principalement ex bourbon et ex cognac, mais également prochainement des fûts de chêne neufs.
On trouve également 5 foudres de chêne de 5000 litres, 2 de 10000 litres et 1 de 15000 litres qui servent à homogénéiser les assemblages durant 1 an.
La filtration se fait à la main grâce à des filtres nilon / papier, tout comme l’embouteillage des cuvées limitées jusqu’à 2000 bouteilles.
Les plus gros volumes sont embouteillés de manière mécanique.
CREDIT PHOTO : THOMAS ANDRZEJEWSKI
La gamme des rhums Montebello a beaucoup évolué au fur et à mesure des années.
Certaines cuvées sont désormais introuvables, d’autres en revanche ont été rebatché.
Pour les Rhums Blancs, citons :
Montebello Blanc 50%
Ovation 50% : premium, monovarietal « canne jaune ».
Winch 50% : premium, canne rouge; en collaboration avec l'embouteilleur indépendant R.1963
The Bolokos (2 batch : 76%, puis 77,7%) : brut de colonne « canne rouge », fermentation et distillation lente, brassage durant plus de 12 mois.
Cannonball 59% : assemblage de The Bolokos et Winch avec une réduction progressive durant 7 mois.
Zenga 60% : plus d’un an et demi de brassage.
Pour les rhums vieillis en fûts, on trouve :
Ambré 50% : 1 an et demi en fût de bourbon.
R.1963 « Blended Rum » 63% : assemblage de brut de colonne « Genesis » de chez Longueteau et du Montebello Ambré, puis brassage durant 6 mois; en collaboration avec l'embouteilleur indépendant R.1963
3 ans 42% : 3 ans en fût de bourbon.
6 ans 42% : 6 ans en fût de bourbon.
Zenga 6 ans 46% : assemblage de rhums de 6 ans.
Winch 8 ans 42% : rhum distillé en 1997 ayant vieilli 8 ans en fût de bourbon.
8 ans 42% : rhum distillé en 2007 ayant vieilli 8 ans en fût de bourbon.
10 ans 42% : 10 ans en fût de bourbon.
Jack 42% : 10 ans en fût de Jack Daniel’s.
11 ans 42% : rhum distillé en 1995.
12 ans
Long Island 14 ans 51% : fût de bourbon.
14 ans 50,6% Single Cask : millésime 2000.
Héritage 47,2% : 15 ans de vieillissement en fût de Jack Daniel’s, produit en 170 exemplaires pour commémorer les 170 ans de l’abolition de l’esclavage.
Equilibre 47,2% : 15 ans de vieillissement en fût de bourbon.
Enfin, on peut citer les vieux millésimes 1948 (47% et 55%) dont je vous parlais dans cet article, ainsi que 1982 (42%) et 1984 (42%) qui sont des assemblages de rhums de mélasse et de rhums agricoles.
À noter que Montebello n’utilise plus de mélasse depuis la fin des années 80, préférant produire des rhums agricoles (pur jus de canne).
CREDIT PHOTO : ERIC DAKSKOBLER
En fin de dégustation, Francis me fit déguster certains fûts très âgés (16, 18 et 20 ans) et m’avoua que des cuvées « anniversaire » devraient voir le jour prochainement.
Affaire à suivre !
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