Nouvelle journée sur l’île aux fleurs et donc nouvelle visite avec au programme ce jour là : la distillerie SAINT JAMES.
Mon premier contact avec leurs rhums remonte à mon enfance lorsque ma mère achetait le rhum Saint James Royal Ambré pour réaliser le Planteur des jours de fête.
Bien évidemment, il m’était formellement interdit d’en boire, mais j’ai souvenir de dimanches matins lorsque tout le monde dormait encore à la maison (probablement grâce au Planteur) et qu’il en restait un peu au réfrigérateur, d’en boire une petite gorgée tant j’aimais le mélange de parfum des fruits tropicaux, des épices et surtout des arômes du rhum.
Lorsque j’ai réalisé mon initiation au rhum agricole à la rhumerie / bar à cocktail « Le Cyclamen » au Havre, j’ai été stupéfait de constater qu’il y avait des rhums jusqu’à 15 ans d’âge dans la gamme classique de Saint James et ce, à des prix tout à fait abordable.
Cette notion d’excellents rapports qualité / prix m’a d’ailleurs toujours beaucoup plu chez cette distillerie.
Autre exemple, les excellents Single Casks 1998, ainsi que leur récent Brut De Colonne Bio et VSOP.
Enfin, leurs millésimes vintage m’ont toujours fasciné et notamment le célèbre 1885 pour lequel j’ai une affection toute particulière comme je vous le racontait dans cet article.
Ce séjour en Martinique fut d’ailleurs marqué dès son entame par l’empreinte de Saint James et ce, à peine arrivé à l’aéroport de Fort-de-France lorsque j’attendais ma valise.
Puis, quelques heures plus tard lorsque Benoit Bail (fondateur de la Confrérie Du Rhum et ambassadeur chez Depaz) me fit la surprise de me permettre de déguster la version martiniquaise de leur rhum blanc bio dans sa version locale à 56,5% pour mon premier Ti Punch sur le sol martiniquais.
Séjournant à Basse-Pointe avec Benoit qui nous avait organisé ce séjour, la route n’était pas très longue pour nous rendre à Sainte-Marie où se trouve la distillerie Saint James.
C’est Marc Sassier, œnologue / responsable de la production de Saint James et président de l’AOC Martinique, qui nous reçut dans son bureau.
J’ai eu le plaisir de rencontrer Marc à de très nombreuses reprises, aussi bien en salon à Paris et à Milan, qu’ici même lors de mon 1er voyagé en Martinique il y a 4 ans.
J’y avais d’ailleurs acheté les millésimes 1982 pour moi et 1986 pour mon ami Jean-Paul.
Afin de me permettre de connaître tous les détails de la distillerie et de son histoire, il m’offrît son livre rédigé avec Jean-Louis Donnadieu publié à l’occasion des 250 ans de Saint James.
Tout démarre en 1765 sur la côte Ouest de l’île au pied de la Montagne Pelée dans l’habitation du « Trou Vaillant ».
À peine distillé et embouteillé, les 1ères cuvées sont exportés en Amérique du Nord sous le nom de Rhum Saint James.
En 1882, Paulin Lambert rachète l’habitation et dépose la marque « Saint James », ainsi que la désormais célèbre bouteille carrée, puis en 1885 naît le premier rhum millésimé de la marque.
En 1895, Saint James ouvre des succursales dans les plus grandes villes d’Europe.
En 1902, la Montagne Pelée entre en éruption et cause la mort de 30.000 personnes. Miraculeusement, l’exploitation et la distillerie Saint James ne sont que partiellement détruites.
En 1973, la société Cointreau acquiert la marque et regroupe la production à Sainte-Marie, sur la côte Est de la Martinique et y installe une nouvelle distillerie.
En 2003, le groupe La Martiniquaise rachète Saint James.
Les plantations Saint James regroupent plus de 350 hectares représentant 80 à 85% des cannes à sucre utilisées.
Le reste provient de planteurs extérieurs qui fournissent Saint James en cannes à sucre et notamment Bio pour les cuvées spécifiques.
La distillerie utilise une dizaine de variétés de cannes à sucre dont 2 à 3 majoritairement incluant la canne roseau.
La récolte est réalisée majoritairement de manière mécanique.
La canne à sucre est tout d’abord pesée à son arrivée sur le site.
Elle va ensuite passer par le Schredder qui va déstructurer et défibrer la canne avant de rejoindre le coupe-canne.
La canne va ensuite être broyée et pressée par 5 moulins à 3 rolls avec imbibition.
Le jus de canne (vésou) va ensuite être transféré jusqu’aux cuves de fermentation (24 en tout, mais ne fonctionnant pas toutes en même temps).
La fermentation a lieu durant 18 à 24h grâce à des levures de boulangerie ou des levures sélectionnées.
Le vin de canne ainsi obtenu titre entre 4 et 4,5%.
Il va ensuite être distillé grâce aux 6 colonnes de distillation en inox et cuivre comportant entre 22 et 32 plateaux, ainsi que grâce à un alambic charentais avec colonne (Privat-Roussel) pour la cuvée « Coeur de Chauffe ».
Le rhum va couler autour de 72% en sortie de colonne.
La réduction va être réalisée grâce à de l’eau osmosée.
Le domaine de Saint James comporte 8 chais de vieillissement regroupant 63 foudres de 30.000 litres et 16.300 fûts dont 90% sont des fûts de chêne américain ex bourbon.
Les 10% restant sont des fûts de chêne français ex cognac / ex armagnac, ainsi qu’un peu de fûts neufs et de fûts ex porto.
CREDIT PHOTO : RHUM SAINT JAMES
La gamme des rhums Saint James a évolué au fur et à mesure du temps, conservant certaines cuvées iconiques et se complétant par des cuvées plus récentes dans des thématiques plébiscitées par les amateurs.
On peut citer en rhum blanc :
Imperial Blanc Agricole 40%
Royal Blanc Agricole 50%
Blanc Agricole 55%
Fleur De Canne 50% : rhum produit à partir de cannes à sucre récoltées uniquement durant la saison sèche.
Coeur de Chauffe 60% : rhum distillé en alambic.
CREDIT PHOTO : RHUM SAINT JAMES
Blanc Agricole Bio 40% : rhum parcellaire Bio.
Blanc Agricole Bio 56,5% : rhum parcellaire Bio. Disponible actuellement uniquement en Martinique.
Brut de Colonne Bio 74,2% : rhum parcellaire Bio embouteillé brut de colonne.
CREDIT PHOTO : RHUM SAINT JAMES
CREDIT PHOTO : RHUM SAINT JAMES
En rhum vieilli, on retrouve :
Rhum Paille Agricole 50% : rhum élevé en foudre de chêne durant 2 mois.
Rhum Ambré Agricole 45% : rhum vieilli en foudre de chêne durant 18 à 24 mois.
Rhum Vieux 42% : 3 ans. Ancienne version.
Rhum Vieux VO 42% : au moins 3 ans. Nouvelle version.
Rhum Vieux VSOP 43% : assemblage de rhums entre 4 et 6 ans d’âge.
Fleur De Canne Vieux 42% : rhum produit à partir de cannes à sucre récoltées uniquement durant la saison sèche, puis vieilli durant 4 à 5 ans.
Rhum Extra Old 43% : assemblage de rhums entre 6 et 10 ans d’âge. Ancienne version.
Rhum XO 43% : assemblage de rhum entre 6 et 10 ans d’âge. Nouvelle version.
Rhum Vieux 7 ans 43%
Rhum Vieux 12 ans 43%
Rhum Vieux 15 ans 43%
Cuvée 1765 42% : assemblage de rhums de 6 d’âge réalisé pour les 250 ans de la distillerie.
Cuvée D’Excellence 42%
Pour ce qui est des cuvées prestigieuses, on peut citer :
Millésime 2001 43% : 10 ans d’âge.
Brut de fût 2003 56,3% : 15 ans d’âge.
CREDIT PHOTO : RHUM SAINT JAMES
Single Cask 1997 42,7% : âge différent selon les embouteillages (différents fûts embouteillés séparément).
Single Cask 1998 42,8% : âge différent selon les embouteillages (différents fûts embouteillés séparément).
Single Cask 1999 42,9% : âge différent selon les embouteillages (différents fûts embouteillés séparément).
CREDIT PHOTO : RHUM SAINT JAMES
Carafe Quintessence 42% : assemblage d’une sélection de millésimes d’exception.
Cuvée L’Essentielle 43% : assemblage des millésimes 1998, 2000 et 2003, vieilli durant plus de 12 ans.
CREDIT PHOTO : RHUM SAINT JAMES
Carafe Prestige 250 ans 43% : assemblage des millésimes exceptionnels 1885, 1934, 1952, 1976, 1998 et 2000, embouteillé à 800 exemplaires.
CREDIT PHOTO : RHUM SAINT JAMES
Citons enfin l’Aromatic Cocktail Bitters élaboré par Stephen Martin, ambassadeur Saint James et mixologue.
CREDIT PHOTO : RHUM SAINT JAMES
Lors de cette visite, Marc nous permit de déguster certains rhums stockés en cuve avec des profils et des âges différents.
La cuvée Quintessence et un Single Cask 1998 réservé à l’export m’ont particulièrement marqué.
Souhaitant prolonger ce moment avec notre hôte, nous allâmes déjeuner dans un très beau restaurant situé non loin de la distillerie.
Profitant de la Ti-Punch Day, mais n’ayant finalement pas besoin d’excuses pour en déguster, nous trinquâmes au Fleur De Canne.
Après un très bon repas, nous retournâmes sur le site de la distillerie afin de visiter le Musée de la Distillation qui détaille les différentes technique de distillation de l’époque, puis la Cave à Millésimes.
Ce lieu magique retrace à travers les différentes cuvées millésimées l’histoire de la distillerie.
Du 1885 au 1976 en passant par le 1935, tant de millésimes que j’ai eu l’occasion de déguster par le passé avec toujours beaucoup de plaisir.
CREDIT PHOTO : RHUM SAINT JAMES
À noter que le domaine propose également un Musée du Rhum que j’avais découvert lors de ma visite précédente il y a 4 ans.
Seul regret à l’époque, je n’avais pas eu le temps de réaliser un tour dans le petit train au milieu des champs de cannes à sucre.
Enfin, Marc termina cette magnifique visite en nous emmenant sur le site de l’Habitation La Salle qui se situe non loin de la distillerie Saint James.
Inauguré en 2019, cette ancienne sucrerie fondée à la fin du XVIIème siècle élaborait ici même jadis du pur jus de canne à sucre utilisé pour la distillation du tafia, l’ancêtre du rhum.
Sa restauration et son ouverture au grand public fin 2019 ont pour vocation de mieux faire connaître l’épopée du Rhum Agricole de la Martinique.
L’Habitation offre différents espaces de visite suivant le chemin historique de la canne au rhum : des moulins en bois pour broyer les cannes et en extraire le jus jusqu’à la guildiverie, lieu de distillation des premiers rhums.
CREDIT PHOTO : RUMPORTER
Deux cuvées ont été réalisé par la distillerie Saint James pour l’occasion : un VSOP et un XO.
Un immense merci à Marc Sassier pour sa générosité, sa bonne humeur et son partage tout au long de cette superbe visite qui aura finalement durée quasiment toute la journée pour mon plus grand plaisir.
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