CREDIT PHOTO : ALBAN DE VALENCE
Lors de ma rencontre avec ce superbe spiritueux, j’ai rapidement découvert PLANTATION pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, on pouvait trouver leurs rhums chez la chaîne de cavistes Nicolas à une époque je ne connaissais pas d’autres cavistes.
Par ailleurs, Plantation rajoute du sucre dans certaines de leurs cuvées, ce qui me plaisait beaucoup (sans le savoir) à une période de ma vie où je ne buvais quasiment que des rons de tradition hispanique bien sucrés.
Enfin, je trouvais (et je trouve toujours) leurs packagings extrêmement soignés et attirants, me donnant envie de tous les déguster.
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Grâce à différents salons, j’ai pu faire le tour de la gamme et avoir quelques coups de cœur comme le Sainte Lucia 2004, ainsi que l’Extrême Jamaica (Long Pond) 1996 HJC quelques années plus tard.
Je me souviens enfin avoir fait des pieds et des mains pour déguster le Plantation Pineapple à l’époque où il n’était disponible que pour le marché américain.
J’avais réussi à en déguster un shot au Redwood à Lyon et un verre à The Rum House à New York.
Comme quoi, le marketing et le fait de créer la rareté étaient et sont toujours des armes diaboliques pour un fan de rhum comme moi !
Désormais absolument disponible partout, j’en bois très régulièrement avec grand plaisir en Daïquiri.
Au fil des salons, j’ai noué de très bonnes relations avec Alexandre Mourigué, un des fers de lance de chez Plantation, jusqu’à passer quelques soirées ensemble au Cocoon Bar à Rouen lorsque celui-ci avait des déplacements professionnels dans ma ville.
Je me souviens d’ailleurs d’un after à la maison à déguster Skeldon et Caroni jusqu’à tard dans la nuit.
CREDIT PHOTO : PLANTATION
Début janvier 2019, mon ami Damien Hugues, administrateur de la page Facebook « Plantation Rum Addict » et avec lequel je suis ami depuis notre rencontre au Velier Live pour les 70 ans de la marque, me contacta.
Il m’expliqua alors qu’il était en train d’organiser la sélection de la 1ère cuvée « Plantation Rum Addict » avec une poignée de grands amateurs de la marque et qu’il avait pensé à moi pour remplacer mon meilleur ami italien indisponible aux dates choisies.
Ce statut de remplaçant ne me vexa absolument pas, car j’avais déjà eu le plaisir de sélectionner les deux premiers Caroni Employees avec Luca Gargano pour Velier (j’y reviendrais d’ailleurs dans un prochain article) et je comprenais tout à fait son souhait initial de vouloir proposer cette belle aventure à certains de ses amis qui n’avaient pas encore eu le plaisir de la vivre.
Rendez-vous était donc pris mi Janvier près de Cognac au Château du Bonbonnet avec Damien Hugues, Alban de Valence, Thomas Seyler, Audrey Bourgard et Steve Cossin.
Ce dernier n’ayant finalement et malheureusement pas pu se libérer pour être présent physiquement, il aura effectué la sélection à distance.
Je me retrouvai donc dans le train avec Alban et Thomas que je connais également depuis le Velier Live des 70 ans, ce qui nous permit de parler des nouveautés « Rhum » et de la vie en général.
Accueillis à la gare par Damien et Audrey, nous nous dirigeâmes vers le Château de Bonbonnet où nous attendaient Alexandre Gabriel (patron de chez Plantation) et Alexandre Mourigué.
Le temps de visiter et d’échanger avec nos hôtes, nous prîmes place autour d’une grande table afin d’assister à quelques masterclass très intéressantes : les différents éléments influençant le rhum et les leviers actuels d’innovation, les différentes essences de bois, l’intérêt de l’ajout de sucre...
J’ai enfin pu comprendre suite à ces différentes conférences pourquoi Plantation était aussi adulé que décrié (heureusement dans une moindre mesure tout de même).
Alexandre Gabriel est curieux de tout et ne cesse de vouloir expérimenter, innover, créer et ce, quitte à casser les codes et dogmes établis.
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Sa démonstration sur l’intérêt de l’ajout de sucre était très instructive.
Le même rhum dégusté sans ajout de sucre, puis avec un dosage progressif, me permit de constater qu’on ne ressentait pas forcément le sucre, mais que celui-ci permettait au rhum tantôt s’ouvrir, tantôt d’améliorer le profil aromatique final.
Personnellement je reste ferme sur mes convictions : je ne suis pas pour l’ajout de sucre dans le rhum (ou même les un spiritueux en général).
Que ce soit légal et donc possible de le faire, c’est ainsi, mais je n’achèterai jamais de mon plein gré un rhum contenant un ajout de sucre (sauf peut être pour faire des cocktails).
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L’expérience des différentes essences de bois me permit de comprendre qu’il existait une multitude de possibilités aromatiques lorsqu’on abandonnait le fût de chêne.
Avec le même rhum là encore, la surprise était totale, le chêne n’étant finalement pas le grand gagnant face au châtaignier, à l’acacia ou à un bois brésilien.
Est-ce qu’il faut pour autant rendre tout cela légal tout en gardant le terme « rhum » ? Vaste débat.
J’ai tendance à être tiraillé sur cette question, car autant j’adore l’innovation, la créativité et le fait de ne pas se fixer de limites, autant j’ai un côté très conservateur qui aime que les savoir-faire soient protégés afin que les produits que j’aime tant puissent perdurer.
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Le fait de pouvoir appeler « rhum » toute distillation de canne à sucre (vésou ou mélasse) qu’importe les expérimentations associées à cela (essence de bois, ajout de sucre, alambics non habituels, réduction à l’eau de mer comme j’ai pu déguster) me parait risqué dans le sens où le consommateur non averti ne saura plus faire la différence même si tout lui est expliqué.
Ainsi, j’ai peur que cela desserve les rhums pour lesquels des contraintes sont imposées.
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Cela dit, je reste très ouvert et je suis évidemment pour que les expérimentations puissent avoir lieu et soit même commercialisables sous un autre nom que « rhum » pour peu que la transparence soit totale (Plantation est d’ailleurs irréprochable à ma connaissance sur ce sujet depuis quelques années) et que l’effort de pédagogie soit réalisé.
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En revanche, la distillation de mélasse à la Barbade avec l’alambic à chambre « Vulcain » de chez WIRD donne un superbe produit et mérite à mon sens d’être embouteillé et commercialisé en tant que rum de la Barbade, à condition que le reste du cahier des charges soit respecté (pas d’ajout de sucre, fût de chêne etc...)
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Comme je vous le disais, pas simple d’avoir un avis tranché tant il y a de paramètres à prendre en considération...
Après ces masterclass et échanges très intéressants avec Alexandre Gabriel, nous fûmes invités à dîner dans un restaurant très agréable où nous pûmes continuer à échanger sur le rhum, mais aussi sur bien d’autres sujets.
Une fois rentré au château, la soirée continua une bonne partie de la nuit avec Alexandre Mourigué, entre discussions et dégustations de nombreux rhums bien sympathiques que nous avions ramenés.
Le lendemain matin, il était temps de nous attaquer à la sélection de cette première cuvée « Plantation Rum Addict ».
Nos hôtes avaient préparé une très belle table avec 13 verres par personne correspondants aux 13 Single Casks qu’il nous fallait départager.
La présélection avait été réalisé par l’équipe de Plantation.
Chacun d’entre nous dégusta à l’aveugle et nota ses impressions.
Pas de cahier des charges particulier à respecter, nous étions toutefois tombés d’accord pour sélectionner un rhum sans sucre ajouté, si possible brut de fût et dont le profil serait accessible aux amateurs de Plantation en général et pas uniquement à sa frange la plus pointue.
Par ailleurs, nous nous autorisions à nous désolidariser individuellement de l’aventure si aucun fût ne trouvait grâce à certains d’entre nous.
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Pour ma part et fidèle à mes habitudes de dégustation, je passai beaucoup de temps sur le nez des différents rhums avant de passer à la bouche une première fois.
Après avoir écarté certains rhums qui m’avaient déplu, un 2ème tour me permit d’élire mon top 5.
Ainsi, nous fîmes un tour de table pour donner nos ressentis fût après fût, puis nous comparâmes nos top 5, permettant de nous rendre compte qu’un rhum semblait quasi faire l’unanimité.
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Alexandre Mourigué nous révéla alors la provenance, le degré et l’ajout ou non de sucre pour chacun des 13 rhums.
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Il y avait notamment 2 rhums agricoles de La Réunion (dont 1 qui nous avait fait forte impression), un du Panama, un de la Barbade, plusieurs de Trinidad, des blends de plusieurs pays et plusieurs de Jamaïque dont celui qui nous avait enthousiasmés : un rhum Lond Pond 2009 brut de fût de 9 ans sans sucre ajouté.
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La visite se termina en grande pompe par une visite de l’un des chais de Plantation dans lequel nous pûmes déguster à même le fût de très nombreux rhums de chez Long Pond, Savanna, Saint-Lucia Distillers...
Mes amis restèrent sur place l’après-midi pour à nouveau quelques conférences, ainsi qu’une dernière soirée.
Je dus quant à moi partir, non sans regrets, pour regagner Paris, car j’avais un concert dans les Alpes le lendemain.
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CREDIT PHOTO : ALBAN DE VALENCE
Steve put déguster de son côté les samples des différents fûts et confirma bon nombre de nos avis, ce qui nous permit de valider pour de bon la sélection de ce rhum de chez Long Pond.
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Il s’ensuivit quelques mois d’attente avant de découvrir les visuels des étiquettes de la boîte pour lesquels nous pûmes donner notre avis.
Le rhum quant à lui continuait de vieillir, mais dans un fût de cognac Ferrand (Borderies XO), jusqu’à être finalement embouteillé, 1 an après notre venue, à 61,4%.
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Le Covid 19 n’aidant pas, c’est finalement un peu avant l’été 2020 que les bouteilles furent vendues aux membres de la page Facebook grâce à un travail de logistique titanesque de la part de Steve.
En effet, ce dernier sectorisa en région la France et la Belgique, puis nomma des responsables de région afin de regrouper les envois de bouteilles (un grand merci à Manu pour avoir gérer le dispatch pour les normands !)
CUVÉE PLANTATION RUM ADDICT : JAMAICA 2009 (LONG POND) SINGLE CASK 10 ans 61,4%
Il s’agit donc d’un rhum jamaïcain single cask, de mélasse, distillé en 2009 par un alambic à double retort John Dore après une fermentation de 2 semaines,
avec un taux d’esters situé entre 200-300 gr/hlpa correspondant au mark VRW (Vale Royal Wedderburn),
ayant vieilli 9 ans sous climat tropical en fût de bourbon, puis 1 an sous climat continental dans un fût de cognac Ferrand (Borderies XO),
avant d’être embouteillé brut de fût à 61,4% sans aucun ajout de sucre.
La robe est ambrée avec des reflets dorés.
Au nez, on découvre notamment d’agréables esters sans que la puissance ne soit trop saisissante.
On trouve des notes de fruits tropicaux très murs (banane, mangue), d’amande amère, de solvant, mais également des notes plus gourmandes portées sur les viennoiseries et même de la vanille.
Les notes boisées sont plus discrètes, mais bien présentes.
En bouche, l’attaque est vive avec une belle puissance jamaïcaine, franche et vigoureuse sans que cela ne soit désagréable.
On retrouve tout d’abord la gourmandise avec des notes de compotée de fruits exotiques (banane légèrement oxydée et mangue écrasée), de brioche, d’épices chaudes (vanille, gingembre), puis d’un boisé élégant.
La longueur est correcte.
Un bien joli rhum jamaïcain en pleine force de l’âge, puissant tout en restant équilibré : ⭐️⭐️⭐️
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