Lors de mon dernier séjour en terre de Cognac, j’ai eu envie d’en savoir plus sur le PINEAU DES CHARENTES.
J’avais découvert ce superbe produit grâce à la famille Grosperrin et ses désormais célèbres MMC (Moûts Mutés de Cognac) et Très Vieux Pineau Des Charentes.
Les dégustant initialement par curiosité dès de ma première visite à LA CALE (cave à spiritueux et vins de très grandes qualités jouxtant le chai de vieillissement Grosperrin), j’avais découvert quelque chose de fabuleux.
Il serait probablement trop réducteur de parler d’une grande famille regroupant Porto, Xérès, Madère ou autre Floc de Gascogne, mais cet alcool me fit tout de même penser à ses « cousins » puisque mon cerveau cherchait à se raccrocher (comme toujours) à ce qu’il connaissait déjà.
Sans rentrer dans les détails des MMC (je vous invite plutôt à aller (re)lire mon article sur Grosperrin), disons simplement qu’il s’agit de Pineaux Des Charentes qui n’ont pas eu (ou pas chercher à avoir) l’AOC du même nom pour des raisons parfois obscures / absurdes qui appartiennent au comité qui décerne cette appellation.
Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de produits exceptionnels et peu onéreux que je ne peux que vous encourager à aller découvrir au plus vite.
Mais revenons au sujet du jour.
Lors de cette première approche, mon hôte me fit découvrir un Pineau Des Charentes de 1971 de chez FRANÇOIS 1ER.
En fidèle havrais que je suis, ce nom ne m’avait bien entendu pas laissé indifférent.
Mais plus encore, les arômes développés par ce produit m’avait laissé bouche bée.
Voyant mon intérêt pour cette cuvée, Guilhem Grosperrin me proposa de m’organiser une visite afin de rencontrer le producteur de ce bijou.
C’est donc peu de temps avant de repartir en Normandie que je pus rencontrer DOMINIQUE RIVIÈRE et visiter le lieu de production des PINEAUX DES CHARENTES FRANÇOIS 1ER.
Situé sur le Domaine des Gatinauds à Angeac-Charente, je découvris une belle bâtisse située dans une cour intérieure assez spacieuse.
Le frère de Dominique interrompît son déjeuner afin de m’accueillir avant de me conduire jusqu’à son frère.
CREDIT PHOTO : LES FLÂNERIES GOURMANDES
Je découvris un homme charmant, simple, aimant la terre et la richesse que celle-ci a à offrir.
8 générations de vignerons se succèdent jusqu’à Dominique et son frère.
C’est Gaston Rivière qui commercialisa son premier Pineau Des Charentes en Février 1934.
Le vignoble s’étend sur 32 hectares notamment sur des coteaux dominant la Charente pour une exposition idéale.
Il est composé de Colombard et d’Ugni Blanc pour le Pineau Blanc, ainsi que de Merlot et de Cabernet pour le Pineau Rouge.
La production est essentiellement tournée vers les Pineaux blancs.
Le Pineau Des Charentes est composé de 75% de moût de raisin frais (non fermenté donc) et de 25% de cognac.
Afin d’obtenir le « jus de raisin » frais, Dominique réalise une macération pelliculaire (avant le pressurage, on laisse la pulpe au contact de sa pellicule) pendant 48-72h en ajoutant du cognac afin d’éviter la fermentation.
Cela permet d’extraire de la pruine et donc d’accroître les qualités organoleptiques du futur moût.
Le pressage se déroule grâce à une presse pneumatique via un prestataire extérieur qui vient sur le domaine.
Pour le futur Pineau Blanc, on réalise un seul pressage contre deux pour le futur Pineau Rouge.
Une partie de ce moût de raisin va être transformée en cognac afin de produire le Pineau.
Pour cela, la fermentation de ce moût a lieu de manière spontanée dans des cuves en béton jusqu’à obtenir un vin.
La famille Rivière le distille alors grâce à 2 alambics à repasse de 8,5 hectolitres fonctionnant au bois et charbon.
L’eau-de-vie de vin ainsi créée vieillira un an en fût de chêne avant d’être mélangée au moût de raisin frais.
Une fois ce mélange réalisé, le jeune Pineau sera conservé dans les chais de vieillissement familiaux constitués de fûts de chêne du Limousin âgés d’environ 10 ans pour la plupart, mais jamais neufs.
Un des chais contient l’eau-de-vie de vin en cours de vieillissement, ainsi que des Pineaux plus ou moins jeunes, tandis qu’un autre chai tout en longueur contient les plus vieux Pineaux millésimés.
Les Pineaux seront embouteillés (assemblés ou non) selon leur évolution afin de participer à la création des différentes cuvées François 1er.
La gamme de Pineaux Des Charentes François 1er se compose de :
Pineau Blanc Jeune (5 ans),
Pineau Rouge Jeune (4 ans),
Pineau Grande Réserve (15 ans minimum),
Pineau Prestige (40 ans)
et de nombreux millésimes embouteillés à la demande.
Lors de la visite du chai de vieillissement des plus vieux millésimes, j’eus le plaisir d’en déguster certains à même le fût.
Ce qui est plaisant et qui d’après moi fait la réussite d’un Pineau Des Charentes est l’équilibre entre la gourmandise et l’acidité.
Un Pineau trop sucré ne m’intéressera pas, car il finira par m’écœurer.
Les Pineaux François 1er sont très équilibrés et dotés d’une grande qualité aromatique conférée par le vieillissement en fût de chêne qui apporte de la complexité.
Selon le fût utilisé et la durée de vieillissement, les Pineaux pourront gagner notamment en rancio, ce que j’apprécie tout particulièrement.
Le millésime 1993 est celui qui m’a le plus subjugué tant son vieillissement est maîtrisé et ses arômes complémentaires et équilibrés.
On y trouve des notes de fruits à coque (noix), de fruits secs (abricot, figue), des notes acidulées (orange), ainsi qu’un rancio gourmand et fondu.
Découvrant le long du chai les différentes années inscrites sur les fûts, je finis par tomber sur le plus vieux millésime que possède encore la famille Rivière : 1929 (plus 90 ans de fût !).
Dominique me fit l’honneur de pouvoir le déguster et je dois dire que je ne connais rien de comparable.
Un rancio bien évidemment très présent, mais élégant, laissant place aux autres arômes.
Nombreux sont les producteurs de Pineaux Des Charentes dans la région et il est probable que je continue à en visiter et à en découvrir tant ce produit me plaît.
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